Ma religion

Texte issu de l'atelier d'écriture du 10/05/2016 (durée : 1h30) 
=====================================

Je veux dire à tout humain et à tout univers un immense merci d’avoir eu ce génie, cette savante création, couronnée d’un délicat diadème érectile. Moitié de jumelles, demi-paire, Ode chantée, jouée, peinte par bien des artistes, Toi, ce saint sein à qui je me voue corps et âme.

Je veux dire merci à mère nature d’avoir créé ce doux mont, gonflé de sources lactées, tressailli par les battements d’un cœur qu’il protège. Je veux dire à Aphrodite que la beauté n’est que subjective, que forme n’est que délice. Qui du fruit ou du poète s’inspira pour nommer l’autre : douce pomme, juteuse poire, gourmande pastèque, mangue mure ; il n’est de ravissement qu’une corbeille ne contienne avec gourmandise.

Je veux dire au printemps à quel point je l’attends, tel l’impie qui désire rencontrer Dieu, l’apparition mystique de cette chair, parfois compressée, parfois libre, toujours admirable.

Initiateur de ma sexualité, porte ouverte à l’envie, aux envies, à ma vie, première vision du désir pour l’autre corps. Ce Graal de douceur, dessiné sous des artifices, tantôt pour le masquer, tantôt pour le laisser deviner, tantôt pour le faire désirer, accompagné de son petit bouton, fougueux ou timide, nageant au milieu d’un présentoir, sombre ou clair, puissant ou discret, framboise qui en est le gardien.

Je veux dire merci à ces dames, tentatrices volontaires ou non, prêtresses dans ma religion, mélangeant le plaisir des yeux à la frustration du contact, inconnues croisées, sein admiré.

Toi, premier des seconds, qui, après ton jumeau nourricier, me donna la jouissance de mes sens. Que mes yeux, mes mains, ma bouche te soit éternellement reconnaissant d’avoir permis l’éclosion, voire l’explosion volcanique de cette passion, cet objectif de vie. Toi, ce sein rond et gonflé, montagne de tendresse, a su accueillir mes envies, dépasser mes espoirs.

Je veux dire aux seins, saints de ma dévotion, comment je vous aime tous, toi et tes frères. Telle ne fut pas cette sensation, pressé contre mon dos lors de nos envolés en deux roues, ces douces bouées, portées par les vagues, me sauvant de quelques noyades, ces doudous si agréables et réconfortant pour mes nuits tumultueuses, et ces oreillers apaisants.

Je veux dire merci à toi, saint des seins, pour mes jouissances, partagés au gré de tes soubresauts telluriques des plaisirs du corps qui te porte. Tu es repas, repus à tes sources, alimentés à tes liqueurs. Tu es partage de nos secrétions lactées, réceptacle de ma chaleur, vallon d’Avalon, chemin à d’autres plaisirs. Parfois début, parfois fin, parfois le tout, tu sèmes mon esprit de ton image mais également de ton gout sucré ou salé, fonction de nos ébats. Ton parfum d’enfance incestueuse pour l’heure, accompagne si bien ce bercement de l’âtre que tu protèges. Tout mon corps ne peut que jouir à nouveau du souvenir de ta texture, glissant sur moi ou moi sur toi, massage unique, intense, mutuel. Tu es unique, multiple, égoïste et partagé, tu vis pour moi et tu nourris toujours mon âme.

Je jalouse parfois ce vent peut te caresser bien au delà des convenances, qui joue de toi, peu importe public ou privé, il connait de par le monde, bien de tes semblables, bien que tous différents.

L’évocation de ton existence seule suffit à me précipiter en cet univers où tu es maître de mes désirs, sein de mon Panthéon, Panthéon de tous tes congénères. Ta sainteté est qu’autant plus exacerbée par la nature même de tes fonctions. Fil de vie pour l’enfant, fil d’envie pour le grand, fil de jouissance pour moi. Tu sais t’offrir, méritant qu’on sache te recevoir, avec les égards de ton rang.

 Je veux enfin dire pardon à ce sein que j’ai mordu, de fougue d’un ébat et qui coula, mêlant sang et lait, mélange interdit et divin.

 

Saint des seins, je me voue à toi, corps et âme, plaisirs et jouissances, miel de mes rêves et bonbons de ma folle gourmandise.